Christian Chazette (Presidente de la Fundacion internacional para el intercambio entre las diferentes culturas)

français

"Les premiers vrais outils avec lesquels travaille Philippe Demeillier sont ses effets psychiques et ses tripes. Nous avons aucune peine a l'imaginer tel un Chaïm Soutine, s'auto-vérifiant, se reproduisant, se deconstruisant en peignant. Sont-ce des peintures, les résultantes de cet artiste? Ce sont des oeuvres! Chacune jouée par un zeste de génie propre et toutes travaillées dans une continuité sérielle d'un humour torride. Les supports se récupèrent de la création des objets passes et servent a la recomposition matérielle des décompositions consommatoires. Les matières et matériaux s'autorisent la constance du mouvement et il apparaît que la peinture de Philippe Demeillier se met a fonctionner en offrant du vivant sous nos sens ébahis. Enfin un peintre qui nous impose de l'émotion et non pas du sentiment. Sa peinture nous rentre dedans la tête et agit comme un tire-bouchon. Il reste ensuite a consommer les amers poisons de nos personnelles histoires, les poisons qui habitaient la bouteille venant d'être débouchonnée par l'oeuvre de l'artiste."

"The real means with which Philippe Demeillier works are psychological and gut-effects. We have no difficulty in imagining him like Chaim Soutine, rediscovering, reproducing and deconstructng himself in his painting. Are the results of this artist's processes really paintings ? They are works of art ! Each one plays its game with the manic energy of his genius, and they all form a working continuum imbued with his visceral humour. Many of the surfaces and objects on which he works, rescued from decay or destruction, are expressively reconstructed as a denial of their consumerist origins. The textures and materials convey the feeling of constant movement, and the impact of Philippe Demeillier's painting is of an amazing sense of life. At last here is a painter who demands an emotional response rather than a sentimental one. His painting gets into the head and works like a corkscrew. Then we are made to taste the bitter poison of our personal lives, poisons which have been bottled up waiting to be uncorked by the works of the artist"

 
  En 1988, Georges Marbeck écrivait :
«Il y a des peintres qui ne s’intéressent qu’au cutané des choses, au poli des objets, au lisse des corps (…) Philippe Demeillier, lui n’est pas homme à se laisser piéger par l’emballage. Un capot, ça s’ouvre. Une carrosserie, ça se démonte. Une enveloppe ça se déchire. La peau, ça se découpe, ça se retourne, ça s’étire, ça se tanne. Il faut toujours qu’il aille remuer le cambouis des choses, des corps, du monde, pour bricoler ses pièces détachées à son idée». Dans son travail de peintre, de graveur, de sculpteur, Philippe Demeillier dépèce et dissèque, mais si ces portraits étalés, dé-figurés, cette recherche d’une beauté «convulsive» peuvent nous suggérer l’image d’un artiste sombre, les sculptures, tout en procédant au même désir de créer une réalité nouvelle, révèlent une autre facette de l’artiste. Travaillant de façon empirique, ni rationnelle, ni systématique, Philippe Demeillier réagit en fonction du sujet, du matériau, de l’inspiration de la commande ou de l’exposition future, sans souci de mode. De sa rencontre avec l’objet survient une idée, un déclic qui, en une fraction de seconde, peut transfigurer le support moteur d’une 203 en une réplique revisitée du «Bœuf écorché» de Rembrandt. Philippe Demeillier se surprend alors à transformer le matériau, et cet étonnement, ce plaisir qui émergent pendant le temps de la matérialisation, il n’a d’autre envie que de les transmettre. Démontant, découpant, assemblant, Philippe Demeillier travaille et s’amuse ; ses sculptures pourraient être autant d’inventaires à la Prévert, où chaque objet tout en gardant son caractère propre, en demeurant identifiable concourt à créer une œuvre d’art ludique et poétique. Ce n’est donc pas un hasard si Philippe Demeillier dit son admiration pour Picasso, artiste aux multiples techniques, créateur lui aussi d’étonnantes sculptures - assemblages, dont la fameuse «tête de taureau» constituée d’une selle de vélo et d’un guidon rouillé de bicyclette, née elle aussi sans aucune intention préalable. «En un éclair, disait Picasso, ils se sont associés dans mon esprit… L’idée de cette tête de taureau m’est venue sans que j’y ai pensé… Je n’ai fait que les souder ensemble» Philippe Demeillier ne dit pas autre chose…
 
     
     

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